Au service de cardiologie de l'hôpital Saint-Pierre (Bruxelles), le Dr Quentin de Hemptinne (ULB) s'est lancé dans une vaste étude sur l'utilisation des stents résorbables de seconde génération chez les patients qui viennent de faire un infarctus.
«Avec cette étude, nous souhaitons démontrer à terme que le stent résorbable de seconde génération est une alternative intéressante pour soigner des patients jeunes (idéalement de moins de 50 ans) et en situation d'urgence, quand ils viennent de faire un infarctus», indique le cardiologue bruxellois.
L'infarctus se produit quand l'artère coronaire, qui alimente le muscle cardiaque en sang, se bouche, généralement à la suite de la formation d'un caillot.
En urgence, les médecins débouchent cette artère par un système de ballonnets. Ils laissent en place un stent, sorte de petit ressort qui garde l'artère débouchée «ouverte».
Le problème, avec ce genre de dispositif, est que le stent reste ensuite présent dans l'organisme du patient jusqu'à la fin de sa vie et qu'il peut à son tour être à la source de complications. D'où les espoirs placés dans les stents résorbables: des dispositifs qui disparaissent d'eux-mêmes après quelques mois, une fois le travail effectué.
Le Dr de Hemptinne avait auparavant travaillé sur les stents résorbables de première génération. «Ces stents, fabriqués en polymères, n'ont pas tenu leurs promesses», dit-il. «Certains ont même entraîné des événements indésirables du type thrombose», précise le médecin. «Les premières études avec le stent de seconde génération, fabriqué au départ d'un alliage en magnésium, livrent par contre de bons résultats. Du moins sur des patients ciblés, avec des lésions coronaires faciles à traiter».
«Dans l'étude multicentrique que nous avons lancée, et comprenant une dizaine d'hôpitaux, nous espérons pouvoir recruter jusqu'à une centaine de patients. En utilisant chez eux le stent résorbable, nous espérons limiter les complications ultérieures potentielles comme des réactions inflammatoires ou des thromboses tardives».
Parallèlement à cette étude clinique, une autre recherche, plus fondamentale, et soutenue par le Fond pour la chirurgie cardiaque, a également été mise en place. Cette étude porte sur les caractéristiques intrinsèques de l'alliage de magnésium qui est utilisé dans le stent de seconde génération. Selon les premiers résultats, il semblerait que cet alliage ait des propriétés anti-thrombogéniques: il diminuerait le risque de formation de caillots de sang. «Enfin, nous allons également tester, avec la collaboration du laboratoire de médecine expérimentale du CHU de Charleroi, les propriétés de cet alliage en matière de coagulation», précise le cardiologue.
«Notre étude n'est pas une étude comparative», dit-il encore. «Notre espoir et de confirmer que l'utilisation de ce type de stent est intéressante pour traiter l'infarctus. Du moins qu'il ne pose pas de problème de sécurité et que les patients évoluent bien».
«Si nos résultats sont favorables, cela montrerait qu'il serait alors judicieux de lancer une étude comparative entre les stents conventionnels (permanent) et les stents résorbables afin de déterminer s'il y a un bénéfice de l'un par rapport à l'autre pour la santé du patient».