En mesurant 6 minutes par jour l’activité physique des individus avec un smartphone, des chercheurs ont développé un modèle prédictif du risque de décès à cinq ans. Ils l’ont élaboré à partir des données de plus de 100.000 personnes. C’est aussi fiable que le test de marche et les questionnaires auto-administrés.
Plus personne ne doute que la sédentarité est un facteur de risque cardiovasculaire et que l’activité physique peut contribuer à préserver la santé. La vitesse d’exécution de cette activité physique est corrélée au risque de mortalité. Par exemple, les patients cardiaques ou pulmonaires ralentissent le pas ou s’arrêtent s’ils sont à bout de souffle. Le test des six minutes de marche fournit de telles informations. Des capteurs aussi peuvent mesurer l’activité d’un individu, en quantité et en qualité. Il est donc théoriquement possible d’estimer le risque de décès à cinq ans d’une personne en analysant sa marche. Mais de tels capteurs, qu’on trouve notamment dans les montres de fitness, ne sont pas utilisés par tout le monde. Dans la revue PLOS Digital Health, des chercheurs de l’Université de l’Illinois (USA) expliquent comment ils ont adapté la technique au smartphone, dont les moins coûteux sont déja équipés de capteurs.
Ils ont analysé les caractéristiques de l’activité physique de 100.683 personnes qui ont porté au poignet pendant une semaine un appareil doté de senseurs avec accéléromètre. Ces personnes venaient d’une large cohorte, l’UK Biobank. Il s’agit d’une base de données contenant des informations sur la santé d’un demi-million de Britanniques. Les scientifiques ont confronté le profil d’activité des participants à leur santé et à leur survie à 5 ans. Dans la cohorte UK Biobank, 2% des personnes sont décédées au cours de cette période.
Ils ont ensuite construit leur modèle prédictif de mortalité en ne retenant parmi les données issues des capteurs, que celles que peut enregistrer un smartphone banal. L’enregistrement concerne la marche et se fait en douze périodes de 30 secondes chacune. Cela contourne la difficulté liée au fait qu’on ne peut pas faire d’enregistrement de 24h puisqu’on ne porte pas son smartphone 24 H sur 24. La validation du modèle prédictif a montré qu’il était d’une fiabilité comparable à celles du test de marche et des questionnaires auto-administrés. On dispose ainsi d’un moyen fiable et facilement accessible d’estimer le niveau de risque cardiovasculaire d’une personne.