Un stimulateur cardiaque dont l'énergie provient des battements du coeur, testé avec succès chez des porcs, pourrait ouvrir la voie à des stimulateurs implantables pouvant durer tout au long de la vie des patients, selon des chercheurs.
Les stimulateurs cardiaques (‘pacemakers’ en anglais), dont dépendent des millions de personnes, sont alimentés par des piles encombrantes et d'une durée de vie limitée impliquant plusieurs interventions pour les remplacer.
Le modèle sans pile, décrit mardi dans la revue Nature Communications, baptisé stimulateur cardiaque symbiotique, a pour «objectif final» d'être «un implant pour la vie», a expliqué à l'AFP le Pr Zhou Li (Académie chinoise des Sciences), auteur de cette recherche avec Zhong Lin Wang (Académie chinoise et Georgia Institute of Technology, Etats-Unis) et leurs collègues.
Les auteurs démontrent chez des porcs adultes que leur système implantable est non seulement capable de stimulation cardiaque «efficace», mais peut également corriger des troubles du rythme cardiaque («arythmie sinusale») et prévenir des complications pouvant entraîner le décès.
Il s'agit d'«une version améliorée de stimulateur cardiaque auto-alimenté», relève le Pr Zhou Li.
Les récupérateurs d'énergie, qui génèrent de l'électricité à partir d'impulsions envoyées par le corps, se sont révélés efficaces ces dernières années, mais uniquement chez les petits animaux tels que les rats, et sur des cellules à faible consommation d'énergie.
Le stimulateur cardiaque symbiotique implanté est composé de trois parties: l'unité de récupération d'énergie iTENG (un «nanogénérateur triboélectrique implantable»), l'unité de gestion de l'alimentation (PMU) et le stimulateur cardiaque.
Cette technologie d'auto-alimentation pourrait trouver des applications pour d'autres dispositifs médicaux implantables (stimulateur neuronal...), mais aussi pour les objets connectés, des capteurs auto-rechargeables, des vêtements «intelligents», selon le Pr Zhou Li.
Les résultats de l'étude sont «très encourageants, mais beaucoup de travail reste à faire avant de pouvoir l'utiliser chez l'homme», estime Tim Chico, professeur de médecine cardiovasculaire et consultant honoraire en cardiologie à l'Université de Sheffield. «Cette étude a été réalisée sur des porcs dont le coeur a la même taille que l'homme et qui sont donc souvent utilisés pour tester des dispositifs ou des traitements avant leur utilisation chez l'homme», note-t-il.
Les chercheurs reconnaissent que «certains défis doivent encore être surmontés» pour atteindre des applications cliniques, parmi lesquels «une unité de gestion de l'alimentation plus efficace».