Récemment, le cycliste Michael Goolaerts (23 ans) faisait un arrêt cardiaque pendant Paris-Roubaix et décédait le soir même à l’hôpital. Huit jours plus tard, un autre jeune cycliste, Jeroen Goeleven, (25 ans), s’effondrait à côté de son lit. Comment est-ce possible ?
Les directives de l’examen médico-sportif sont bien connues. Dans le cyclisme, l’UCI oblige les coureurs à se soumettre à un dépistage biannuel, avec un ECG à l’effort et une échographie cardiaque. Mais les directives n’offrent pas de garantie à 100%.
L’examen permettra de déceler un grand nombre de causes sous-jacentes, comme par exemple une cardiomyopathie hypertrophique ou une anomalie coronaire congénitale, mais il ne permettra pas de prévenir toutes les morts subites.
Michael Goolaerts avait subi en 2015 et en 2017 des tests cardiologiques étendus au Jessa Ziekenhuis à Hasselt, dans le cadre de l’étude multicentrique internationale prospective Pro@Heart (menée en France, en Australie et en Belgique), sous la direction du Pr Heidbuchel. Dans cette étude, le cœur des jeunes sportifs est suivi pendant 20 ans.
On sait que des efforts sportifs intenses conduisent à des modifications de volume en fonction des ventricules. Il s’agit dudit « cœur du sportif ». Seulement, on ne sait pas quelles modifications vont de pair avec d’une part, des prestations sportives exceptionnelles, et d’autre part, la problématique rare d’une insuffisance cardiaque ou de troubles du rythme.
Les coureurs U23 de Lotto-Soudal et les jeunes coureurs Telenet Fidea prennent notamment part à cette étude. “Son cœur était en parfait état. Espérons que l’autopsie apportera de la clarté. Elle pourra par exemple montrer de nouvelles affections, qui n’étaient pas présentes lors de l’évaluation médico-sportive. L’autopsie est non seulement importante pour le processus de deuil de la famille, mais aussi pour d’autres, par ce que la science peut apprendre”, souligne le cardiologue Hein Heidbuchel, maintenant chef du service de cardiologie à l’UZ Antwerpen.
Moi-même, en tant que cardio-radiologue, j’ai fait partie de l’équipe qui fait passer les examens aux sportifs à Hasselt. Au cours des années précédentes, nous avons également détecté des problèmes cardiaques chez d’autres coureurs cyclistes. Certains d’entre eux ont dû mettre un terme à leur carrière sportive de compétition.