Un plan national pour lutter contre le sepsis

Un groupe d'experts, dirigé par l'infectiologue Erika Vlieghe, a élaboré des recommandations pour la mise en place d'un plan national de lutte contre le sepsis à la demande du ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke. Parmi les recommandations clés figurent la formation des prestataires de soins à la reconnaissance et au traitement précoce de la maladie, l'utilisation de systèmes d'alerte pour détecter le sepsis et la mise en place d'équipes d'intervention rapide dans les hôpitaux.

Le sepsis, appelé autrefois "septicémie", a fait l'objet d'une attention particulière à la fin de l'année dernière après le reportage de l'émission "Pano" diffusé par la VRT. Bien que peu connue du grand public, cette maladie fait des milliers de victimes chaque année en Belgique. Des patients, médecins urgentistes et les réanimateurs avaient déjà appelé à la mise en place d'un plan d'action national.

Le ministre Vandenbroucke, qui a qualifié le sepsis de "tueur horrible", a donc chargé Mme Vlieghe de réunir un groupe de travail composé d'experts dans le domaine. Leur mission: élaborer un ensemble de recommandations pour lutter efficacement contre cette maladie.

Le plan propose notamment de sensibiliser le grand public via la création d'une fondation nationale sur le sepsis et la mise en place de campagnes. La prévention des infections, notamment par la vaccination, est considérée comme essentielle, tout comme le renforcement de l'accès aux soins de santé pour toutes et tous, en accordant une attention particulière aux personnes les plus vulnérables.

Le plan préconise également la généralisation de systèmes d'alerte pour détecter plus rapidement le sepsis. La mise en place d'équipes d'intervention rapide dans les hôpitaux est également recommandée, tout comme la présence permanente d'équipes spécialisées en soins intensifs.

La professeure Vlieghe attire l'attention sur le fait que le sepsis passe souvent inaperçu. "L'évolution peut être très rapide et les symptômes sont insidieux", explique-t-elle. "Il est primordial de commencer par sensibiliser le public à reconnaître le sepsis. C'est particulièrement important pour les personnes à risque, telles que les diabétiques, les patients atteints de cancer, les personnes immunodéprimées et les personnes âgées." Parmi les symptômes, on peut citer une fièvre élevée, des vertiges, une sensation de faiblesse et une confusion.

D'après l'infectiologue, les outils de détection précoce du sepsis sont déjà à la disposition des professionnels de santé, mais leur utilisation reste souvent problématique pour les médecins généralistes et dans les maisons de repos. "Nous devons évidemment éviter l'écueil inverse, qui serait de submerger les médecins généralistes. Il est essentiel de trouver le juste équilibre."

L'avis a été élaboré à partir des travaux de sept groupes de travail, couvrant différents aspects tels que la prévention, la détection, le traitement et l'utilisation des antibiotiques. Une première version de l'avis sera présentée vendredi lors d'un congrès à Ostende. Le groupe de travail a sollicité l'expertise d'experts externes, tant en Belgique qu'à l'international, pour obtenir un retour sur le rapport. Une deuxième version sera publiée prochainement.

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Derniers commentaires

  • Jean GERAIN

    04 juin 2024

    Commentaire "automobile": au lieu de réinventer la roue, notre ministre serait plus inspiré de fournir du carburant: revalorisation du personnel infirmier, revue des normes d'encadrement, ... financement des infectiologues (ce titre est enfin reconnu, mais la valeur de leurs prestations = 0 euro!)

  • Marie-Louise ALLEN

    03 juin 2024

    Je suis généraliste, sans outil de détection, ayant fait durant plus de 50 ans de carrière des erreurs de diagnostic, comme tout un chacun je pense.
    Mais jamais je ne suis passée à côté du diagnostic de septicémie - devenue sans doute plus grave et plus difficile à diagnostiquer depuis qu'elle est renommée sepsis! Nous avons tous eu des cours de propédeutique pour reconnaître ce genre de situation, qui ne date pas de maintenant.
    Le problème rencontré actuellement est qu'il n'y a pas que leurs majestés les ministres de la santé pour considérer les généralistes comme une sous classe à rééduquer, par eux d'ailleurs et leurs "experts" qui n'ont sans doute jamais vu un patient depuis longtemps. Il y a aussi les urgentistes qui ont tendance à nous considérer comme des "merdes" et donc à laisser croupir les malades envoyés pendant des heures avec la conséquence logique catastrophique...
    Je rêve d'un pays où les politiques s'occuperaient d'organiser la structure des soins et les médecins des soins adéquats eux-mêmes...

  • Cheikh GAYE

    03 juin 2024

    Vous êtes braves vous pensez toujours aux autres