Le GNFB (Groupement des néphrologues francophones de Belgique) et la NBVN (Nederlandstalige belgische vereniging voor nefrologie) appellent au remboursement du dépistage de l’albumine dans les urines. Les néphrologues attirent également, en cette journée mondiale du rein, l’attention de l’opinion publique sur l’importance d’un dépistage précoce des maladies rénales chroniques.
Le GNFB et la NBVN réclament un large remboursement de ce test : « A ce jour, seules les personnes diabétiques ont droit à un remboursement de l’analyse d’urine pour dépister la présence d’albumine dans les urines (micro-albuminurie). Concrètement, nous plaidons en faveur d’un élargissement du remboursement annuel aux personnes souffrant d’une maladie ardiovasculaire connue, d’hypertension artérielle ou ayant des antécédents familiaux de problèmes rénaux et en faveur d’un remboursement de cette analyse tous les cinq ans pour toute personne de plus de 45 ans », soutient Elien Mahieu, chef du service de néphrologie à l’AZ Glorieux et administratrice de la NBVN.
« L’idéal serait que les autorités organisent et financent un programme de dépistage de l’albuminurie, comme cela existe déjà avec le dépistage du cancer du côlon. Toutefois, en attendant qu’elles reconnaissent la gravité de la situation, nous appelons toutes les personnes qui appartiennent aux groupes à risque à demander à leur médecin de leur prescrire une analyse d’urine pour dépister l’albuminurie », conclut le Dr Mahieu.
Le Dr Jean-Marc Desmet, néphrologue à l’hôpital Jolimont et président du GNFB, invite ses confrères médecins spécialistes et médecins généralistes à réaliser ce dépistage chez les personnes concernées.
Question de sous
Des discussions sont actuellement ouvertes entre les néphrologues et l’Inami pour trouver un budget qui permettrait d’organiser ce dépistage et d’élargir les conditions de remboursement. «Tout dépend évidemment si c’est l’Inami qui prendrait ces coûts à sa charge, par exemple, sur le budget de l’Appropriate Care, ou les entités fédérés puisqu’il s’agit d’un dépistage et que cela s’inscrit dès lors dans une action de prévention, un peu comme pour le Colotest en FWB», commente le Dr Desmet, qui souligne que l’Inami est à l’écoute des arguments des néphrologues.
Le président du GNFB estime qu’il est également important de sensibiliser les généralistes – « qui ont un véritable rôle à jouer » - et les autres spécialistes pour qu’ils demandent une micro-albuminurie lorsque c’est nécessaire. « C’est un outil supplémentaire de surveillance pour la médecine générale. Quand les patients arrivent chez les néphrologues avec une protéinurie élevée, c’est parfois trop tardif.»
« On peut en effet nettement mieux faire », ajoute le Dr Elien Mahieu « Une atteinte rénale peut être constatée précocement à l’aide d’un simple test urinaire. Si l’insuffisance rénale peut être diagnostiquée à temps, il est alors possible d’éviter bien des complications et des décès précoces provoqués par des maladies cardiovasculaires. Cela permettrait également à de nombreux patients de devoir un jour être dialysés, ou tout au moins de voir reporter de nombreuses années le début de la dialyse. »
Selon les néphrologues, aujourd’hui, à peine 4% des patients qui présentent des facteurs de risque tels qu’une hypertension artérielle sont dépistés. «Il s’en suit qu’un nombre important de patients passent donc entre les mailles du filet et ne peuvent bénéficier d’un traitement efficient et d’un accompagnement adéquat, avec toutes les conséquences que cela peut avoir », ajoute le Dr Mahieu.